On entend ce mantra : « C’est au-delà des mots ! », comme si c’était un argument sans réponse.
Or, me vient ceci :
il y a ce qui dépasse la pensée. L’ineffable par excès. L’Un pur.
Mais il y a aussi ce qui est impensable. L’indicible par défaut. Le Multiple pur.
Par exemple, une idiotie telle qu’elle ne se peut penser, comprendre, dire. Elle est indicible.
Donc :
L’expérience de l’absolu ne peut se dire, jamais. Mais ce qui ne peut se dire n’est pas nécessairement une expérience de l’absolu. Ce peut être une expérience qui ne peut pas se dire parce qu’elle est trop fragmentée, chaotique, violente, agité, désordonnée, absurde ou stupide.
Tout ce qui dépasse les possibilités du langage ne marque pas une expérience de l’absolu.
En pensant autrement, je pense mal, je commet l’erreur logique « A implique B, donc B implique A » (proposition contraposée en forme de négation de l’antécédant, donc sophisme ; par exemple « Les gens qui disent la vérité sont rejetés ; or, il est rejeté ; donc il dit la vérité »).
Donc,
le simple fait de dire « c’est au-delà des mots » peut signifier que l’on parle d’une expérience de l’absolu. Ou bien… que l’on se sait pas parler, que l’on est imbécile, où que l’on parle d’une chose trop bête, idiote, inintelligente.
Il n’y a pas que l’absolu qui est au-delà des mots. Il y a des actes, des choix, des expériences qui sont au-delà des pouvoirs de la parole, et qui pourtant ne sont pas des expérience de l’Un, du Bien, du Beau absolu, de l’unité, de la non-dualité, etc.
Donc,
répéter bêtement que « c’est au-delà des mots » comme si c’était un argument, est parfois un simple témoignage de bêtise. « Au-delà de l’intellect »… encore faut-il en avoir un, d’intellect. Avoir des capacités cognitives suffisantes, les nourrir et ainsi les développer. Les voies « non dualistes » rejettent tout moyen de connaître l’absolu autre que la connaissance. Mais ces voies ne rejettent pas les moyens qui préparent à cette connaissance. Si je suis incapable de me concentrer, de retenir, de m’abstraire, etc., je suis incapable d’entendre, de réfléchir, de réaliser. Ou bien, même si j’entends, je comprendrai mal, ou partiellement. Ou alors, même si je comprends bien, cela ne restera pas.
Donc il importe d’exercer son discernement.
David Dubois
Source : https://shivaisme-cachemire.blogspot.com/2023/08/au-dela-des-mots.html
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