Lettre à mon ego.
Mon très cher ego.
Devrais-je dire : mon trop cher ego ?
Car je te trouve bien onéreux, bien pesant dans ma vie, toi que je croise dans mon miroir si souvent. Ou que j’évite de croiser.
Tu me possèdes depuis ma naissance, encombrant frère siamois, impitoyable faux double, qui t’accroches à moi comme une vermine.
Qui t’accroches à moi ?
Et si c’était plutôt le contraire ?
N’est-ce pas moi qui m’accroche à toi comme un naufragé à son radeau ?
Car tout bien réfléchi, toi, as-tu besoin de moi ?
Non ! Non et cent fois non
Tu n’existes que parce que je le décide et il suffirait que je renonce à toi pour que tu disparaisses définitivement en laissant à ta place…
Quoi au fait ? Grave question !
Car, que serais-je sans toi ?
Minus ? Rikiki ? Infime poussière parmi les autres infimes poussières ?
Rien ?
Mais nous sommes tous rien.
Alors, peut-être moins que rien ?
Est-ce si grave ?
Réfléchissons, toi et moi, veux-tu ?
Etre moins que rien sans toi, mon cher ego, ça veut dire quoi ?
Perdre ce besoin constant d’être le plus beau, le plus fort, le plus intelligent, le plus aimé ?
Renoncer aux apparences, cette devanture que je m’efforce de
tenir toujours plus étincelante ?
Perdre mon rang de premier sans être le meilleur dans une
société qui ne fonctionne que sur l’illusion et les valeurs faussées ?
Abandonner ce masque souriant et vainqueur censé faire reluire
mon image toujours plus que les autres ?
Toujours mieux que les autres ?
Pour obtenir quoi ?
La reconnaissance des autres ego aussi gonflés pour dissimuler leur médiocrité
Le vide ?
Un vide ! Un incommensurable vide… Alors, cher ego qui ne sert qu’à remplir mon vide, je te prie de retourner d’où tu viens.
Libère-moi de tes mirages, de tes mensonges, de tes envies.
A bas l’ego, vive l’Ame.
Car ce grand trou que laissera ton départ, je choisirai de le remplir d’Ame.
L’Ame.
Toi pas connaître ?
Mais si, voyons ! L’Ame. Ce truc bizarre invisible mais qui nous embête chaque fois qu’il nous trouble et nous souffle : ça, ce n’est pas toi !
Ce truc qui pousse à transcender.
Transcender la vie, transcender la souffrance, transcender le besoin.
Et surtout, te transcender toi !
Peut-être, est-ce pour cela que tu détestes tant l’Ame. As-tu pire rivale ?
Et je t’entends d’ici.
– D’abord, transcender, ça veut dire quoi ?
Pas grand-chose.
Sinon, dépasser, s’envoler, planer au-dessus de la pollution mentale que tu génères en moi.
Transcender, ça veut dire surtout se détacher des dépendances physiques.
L’Ame promet la Transcendance, cette force qui t’apporte la paix et l’Amour surtout de plus favorise la prise du recul pour décrocher des petitesses humaines si dérisoires.
L’Ame te dit :« Attention »!
Ne fonce pas tête baissée dans les conflits inutiles qui ne feront que vainqueurs ou vaincus. Ils ne donnent qu’apparente grandeur ou déchéance sournoise et t’isoleront toujours plus de toi-même, de ton besoin d’amour et d’authenticité.
Car toute victoire sur l’autre n’est qu’illusoire. Il n’est de véritable victoire que sur toi-même.
Et à quoi bon être quelqu’un si tu n’es pas toi ?
Alors, choisis la paix. La tienne d’abord. Celle de vivre en harmonie avec l’Univers, ici et maintenant, dépouillé de toute convoitise, fragile et nu mais confiant car ouvert aux « Au-delà » immatériels, véritables sources d’une joie durable.
Être Un avec ces énergies-là, avec l’impalpable, avec toi-même, surtout.
Renoncer à ton adultère personnel. »
Ainsi me parle l’Ame.
Hélas, toi, mon pauvre ego, ne me tournant que vers mon je, tu es incapable de m’apporter cette fusion quasi divine où je peux affirmer en toute sincérité.
– Je suis dans la Complétude. Rien ne me manque, je connais l’abondance.
Aussi, mon cher ego, je t’informe que je te quitte.
Disparais, je le veux
Emporte avec toi les envies jamais comblées, les attentes sans fin, les guerres stériles et les pertes de temps qui tuent le corps en épuisant le cœur.
Je te renvoie à tes désirs primaires, tes besoins chimériques, tes parades ridicules.
Tes peurs, surtout.
Et la principale : celle de ne pas être à la hauteur.
A la hauteur de qui ?
A la hauteur de quoi ?
Je te laisse à cette passionnante question mon ego. Et tandis que tu te dilueras sans moi dans l’ego des autres, j’irai nager dans les Eaux Pures de la Félicité. Libre. Avec mon âme.
P S : …Si je la trouve…Tu te plais tant à me la cacher !
Agnès Andersen- Ésotérisienne – Écrivain –
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